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d’une digue réunissant le Fort-Chavagnac à celui de Querqueville.

Enfin, si l’incendie de l’arsenal est une éventualité que la portée actuelle du mortier impose l’obligation de prévoir, une observation sera permise. Des constructions qui garnissent l’arsenal, les unes sont l’ouvrage du génie militaire, les autres celui des ingénieurs de la marine. Les premières, batteries, casernes ou magasins, sont voûtées et mises à l’épreuve de la bombe, peut-être par souvenir des recommandations expresses de Vauban dans son mémoire de 1686. Les bâtimens de la marine, destinés aux approvisionnemens de matières dont la plupart sont combustibles, n’ont au contraire pas d’autres toitures que celles des maisons bourgeoises de la ville, et sont par conséquent dans les meilleures conditions pour être enfoncés et brûlés par les bombes. Cette anomalie n’est pas présentée ici comme une preuve de l’impuissance de notre centralisation à coordonner l’action de deux bureaux qui se touchent; mais il faut en conclure que, si les magasins et les chantiers de Cherbourg sont si bien exposés aux bombes ennemies, il n’y a aucune raison d’y transporter des moyens de construction qui, à Brest, par exemple, sont en dehors de leur portée.

L’état complet des dépenses faites pour la fondation de l’établissement militaire de Cherbourg n’a encore été, que je sache, publié nulle part. Il est intéressant à plus d’un titre. Ces dépenses ont été décidées en 1777, ont commencé à la paix de 1783, et ne sont point arrivées à leur terme, puisque les fortifications sont encore incomplètes, et que la révolution qui s’opère dans l’artillerie peut exiger l’adoption d’un nouveau système de défense. Elles se sont naturellement partagées entre les travaux maritimes proprement dits et les travaux des fortifications et des bâtimens militaires, et voici à quelles sommes elles se sont élevées :

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EPOQUES. Travaux maritimes. Fortifications et bâtim, milit. Totaux Rapports
Ancienne monarchie, de 1783 à 1792. 31,192,679 fr. 10,243,268 fr. 41,436,047 fr. 218
République, de 1793 à 1800 « « « «
Consulat et empire, de 1801 au 31 mars 1814 29,406,387 8,971,296 38,377,683 202
Restauration, du 1er avril 1814 au 31 juillet 1830, 10,336,115 1,587,494 11,923,609 63
Gouvernement de juillet, du 1er août 1830 au 24 février 1848 40,656,139 8,467,556 49,123,695 258
République, du 25 février 1848 au 2 décembre 1852 16,113,001 2,892,433 19,005,434 100
Gouvernement de Napoléon III, du 3 décembre 1852 au 31 décembre 1857 25,940,201 4,468,093 30,308,294 159
153,644,522 36,630,240 190,274,762 1,000