Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sans prétendre signaler même les principaux ouvrages que ces dernières années ont vus naître pour ce qui regarde la géographie physique, tant en France qu’à l’étranger, nous ne pouvons passer sous silence, quoique déjà anciennes, les publications allemandes qui ont fait faire un pas considérable à cette branche de la science. La Russie, l’Allemagne et surtout l’Autriche avaient déjà exposé l’an dernier à Vienne leurs belles cartes géologiques. L’orographie a été particulièrement étudiée par la Société alpine de Vienne. En France, nous devons mentionner certaines œuvres d’un rare mérite. En première ligne, nous citerons les lumineux rapports de M. Krantz sur les voies navigables de la France, publiés comme annexes aux travaux de l’assemblée nationale, et qui sont entrés déjà dans le domaine de l’enseignement public, car ils ont été proposés à la fois comme matière et comme modèles dans les exercices de l’École normale supérieure. C’est par la diffusion de tels ouvrages qu’on répandra le goût de la science sérieuse, et que l’on fera des géographes. On peut en dire autant des travaux de M. Paul Belgrand sur les conditions géologiques et sur le régime des eaux du bassin de la Seine ; enfin l’on doit rappeler à cette occasion les belles cartes géologiques des environs de Paris par M. Delesse.

Le quatrième groupe, chargé de préparer les questions de géographie historique, d’histoire de la géographie, d’ethnographie et de philologie, a rédigé jusqu’à ce jour vingt-quatre questions. Les trois premières portent sur les âges préhistoriques sans faire double emploi cependant avec les questions du groupe précédent, qui avait eu surtout en vue l’anthropologie. Le groupe historique a dû, lui, se préoccuper des premiers tâtonnemens, pour ne pas dire de la première éducation de l’homme, et de ce qui a précédé la civilisation la plus primitive ; c’est en ce sens qu’il faut entendre la question suivante, suggérée évidemment par les dernières communications de M. Alexandre Bertrand à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres : « constater sur le territoire de l’Europe aux temps préhistoriques, d’après les monumens, les ustensiles, les œuvres d’art, d’après les matières premières, la mise en œuvre de ces matières, les procédés de travail et l’ornementation, l’existence de communications entre les populations établies aux extrémités opposées de l’Europe et entre ces dernières populations et celles de l’Asie centrale. » On demande en outre, dans la question suivante, s’il est possible d’établir un lien, de retrouver le trait d’union entre les peuples des âges préhistoriques et ceux des plus anciens documens de l’histoire positive. Il ne manque pas de savans capables de répondre à cet appel : à Copenhague, MM. Vorsaae et Engelhart semblent avoir apporté dans ces études nouvelles une rigueur de