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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/191

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raisonnement et une sûreté d’observation jointes à une méthode analytique et synthétique peu commune.

Entrant résolument dans la période des âges historiques, le quatrième groupe croit que le temps est venu de tracer un tableau géographique de l’Egypte pharaonique au temps de Toutmès III ou de Ramsès le Grand (Sésostris), en comprenant dans cette étude les pays soumis à leur empire tant en Asie qu’en Afrique. On recommande de discuter la valeur des identifications des noms égyptiens avec ceux des textes bibliques et classiques. On peut dire que jamais une question n’est venue mieux à son heure, car tout récemment M. Mariette a découvert le plus précieux texte géographique qu’on ait encore rencontré, tant à cause de sa haute antiquité (18,000 ans avant Jésus-Christ) que par l’abondance des renseignemens qu’il nous fournit. C’est une liste comprenant 628 noms de peuples ou de villes de la terre de Chanaan, de l’Assyrie et peut-être d’autres contrées de l’Asie plus éloignées, puis de l’Abyssinie, de la région des parfums (entre le détroit de Bab-el-Mandeb et le cap Guardafui), enfin peut-être aussi de la région des grands lacs dans le bassin supérieur du Nil (Victoria-Nyanza, Albert-Nyanza), récemment explorés par Speke, Grant et Baker. Pendant que M. Mariette dégage les pylônes géographiques de Karnak, M. Brugsch poursuit ses études sur le pays des pharaons, et il vient de publier tout dernièrement une très-curieuse brochure sur l’exode et la marche des Israélites, accordant ou s’efforçant d’accorder le texte de la Bible avec les documens égyptiens. Cette activité de production dans la science égyptologique donne à penser que la géographie de cette histoire peut être tentée dès aujourd’hui. Sans parler de M. Mariette, qui a entre les mains les plus riches matériaux, il faut se souvenir des belles recherches de M. Brugsch sur les nomes égyptiens, qu’il a entrepris d’identifier avec les noms grecs ptolémaïques, seuls connus de nous jusqu’alors, — que M. Jacques de Rougé vient de donner un bon travail sur les mêmes nomes en prenant pour départ les monnaies et les textes d’Edfou, — que M. Maspero enfin a présenté à la Sorbonne des thèses géographiques remarquables sur l’Egypte et l’Assyrie.

La question suivante porte sur la géographie comparée de l’Asie occidentale avec ses divisions aux deux époques des Sargonides (vers 720 avant Jésus-Christ) et de Darius Ier ; elle appelle également un rapprochement entre les textes de Khorsabad, de Babylone, de Persépolis d’une part, la Bible et Hérodote de l’autre. L’Angleterre et la France paraissent surtout à même d’apporter des réponses à cette question.

Se transportant ensuite dans la péninsule italique et dans la vallée