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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/362

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l’histoire et de la géographie de l’Italie, l’arithmétique, les élémens de la géométrie, la tenue des livres, l’économie domestique, l’hygiène, les sciences physiques et naturelles. On y joindra des cours de langues étrangères et au moins de langue française, un cours de morale amplement développé dans ses rapports avec la pratique de la vie religieuse et domestique, le dessin et la calligraphie, le chant, la gymnastique, et enfin les travaux qui sont le mieux appropriés à la femme.

Les Italiens ont raison d’attacher une importance capitale à la part dévolue à la femme dans l’éducation populaire. Le plus sûr moyen de vaincre l’ignorance n’est-il pas de pénétrer par la mère dans le cœur de la famille ? Si l’instruction que l’ouvrier ou le commerçant reçoit dans les écoles lui donne une valeur plus grande et fournit à ses travaux d’utiles ressources, il n’y a que l’enseignement qu’il recueille dès son enfance sur les lèvres d’une mère qui puisse développer son intelligence et son cœur. L’avenir de l’instruction primaire ne peut être suffisamment assuré lorsque l’enseignement se répand seulement au moyen des écoles de garçons ; il ne pénètre alors que d’une manière superficielle dans les mœurs d’un pays. Le père et son jeune fils, livrés à leurs travaux hors du foyer domestique, qu’ils ne retrouvent que le soir après une journée de labeur, n’ont ni le temps ni la volonté de faire part à leur famille des connaissances qu’ils possèdent et dont souvent ils ont oublié la plus grande partie. Il n’en est pas de même de la mère, qui sait toujours trouver l’occasion de donner à ses enfans des leçons appropriées à leur âge et à leur caractère. Elle complète par des réflexions morales dues à son expérience et à des exemples fournis par la maison elle-même les études élémentaires et les exercices commencés à l’école. « La mission réservée aujourd’hui à la femme dans la diffusion de l’instruction, qui est la condition essentielle de la civilisation, dit un écrivain italien, n’est pas moins importante que celle qu’elle a remplie autrefois en répandant la bonne nouvelle parmi les nations s’affranchissant de la servitude antique pour se régénérer dans la liberté chrétienne. »

C’est surtout en ce qui concerne l’éducation des femmes que s’est engagée en Italie la lutte qui met aux prises dans le monde entier la société laïque et l’autorité ecclésiastique. La question religieuse s’est malheureusement compliquée de la question politique, et l’opposition qui s’est produite d’une manière si éclatante en Italie contre l’esprit moderne, l’anathème jeté par l’église contre la constitution de cette unité à laquelle la nation aspirait depuis tant de siècles, ont eu pour résultat de pousser le gouvernement à combattre par tous les moyens possibles l’influence cléricale. Il aurait cru n’obtenir qu’un faible avantage en lui enlevant la direction des écoles