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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/368

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les plus élevés et les plus graves de la vie spirituelle. On a répondu que la suppression des facultés de théologie n’était nullement une lutte engagée contre l’église, car elle-même l’a désirée. Ce n’est pas la chambre qui veut supprimer l’enseignement de la théologie professionnelle dans les universités ; ce sont les évêques, ce sont les ordres religieux qui défendent d’une manière absolue aux jeunes ecclésiastiques de fréquenter les facultés de l’état.

Il est facile de voir que, dans cette occasion, comme dans toutes celles où il est question des rapports établis ou à établir entre la société laïque et la société ecclésiastique, c’est la publication du fameux Syllabus pontifical du mois de décembre 1864 qui rend entre elles, pour le moment, toute réconciliation impossible.

« Rappelez-vous, messieurs, disait M. Sulis, le Syllabus pontifical du mois de décembre 1864, qui a confirmé, en les amplifiant singulièrement, les doctrines de Grégoire VII dans sa bulle Dictatus Papœ, et celle de Boniface VIII dans la bulle Unam Sanctam. Si vous conservez les chaires de théologie, il est clair que les professeurs de théologie morale, de théologie dogmatique, d’écriture sacrée, qui constituent l’enseignement ecclésiastique proprement dit, ne peuvent être que des prêtres. Alors, ou ces professeurs adopteront le Syllabus, ou ils le rejetteront. S’ils le maintiennent, voyez-vous à quelle contradiction flagrante vous allez exposer votre enseignement universitaire ? Vous serez obligés de reconnaître comme officiel un enseignement qui tend à la destruction de tout principe d’autorité civile, de tout droit intérieur et direct de l’état. Ces professeurs qui, je le répète, seront nécessairement des prêtres, seront-ils contraires au Syllabus de 1864 ? Dans ce cas, l’état devra soutenir ces représentans officiels des ennemis et des persécuteurs de l’église : ne voyez-vous pas que vous violez ainsi la forme juridique et politique de cette séparation que vous avez proclamée ? Et, puisque vous avez reconnu en même temps la liberté de l’église, vous devez lui laisser le gouvernement de ses ordres intérieurs, de sa discipline hiérarchique, de l’enseignement de ses doctrines, qui proviennent toutes ou de l’autorité dialecte de la révélation, ou de l’autorité indirecte des réponses du chef et des docteurs de l’église. »

Le discours prononcé par M. Correnti dans la séance du 29 mai a fait sur la chambre la plus vive impression. Il répondait principalement aux objections de MM. Buoncompagni et Berti. Le premier avait invoqué les traditions de l’Italie pendant le moyen âge et dans les temps modernes pour démontrer que l’esprit du catholicisme avait inspiré la plupart de ses grands hommes. « Mais cet esprit, lui a répondu M. Correnti, dont la plus haute expression se trouve dans l’auteur de la Divine Comédie, tendait précisément