Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 124.djvu/849

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contenir à l’intérieur le Capitole de Timgad, et si l’on y voyait « un Jupiter en argent, ayant sur la tête une couronne de chêne dont les glands étaient en argent, et dans la main un globe en argent avec une Victoire qui tenait une haste d’argent ; » mais ce qui est certain, c’est que l’extérieur en devait être somptueux. La place au milieu de laquelle il était bâti était encadrée dans un portique comme celle de Saint-Pierre de Rome. Les colonnes qui portaient le fronton du temple mesuraient à la base 1m, 50 de diamètre. Les murs étaient décorés d’une profusion de marbres précieux. « Je n’en ai découvert, dit M. Milvoy, en aucun autre endroit de l’Algérie, une aussi grande abondance et une aussi complète variété. » De toute cette magnificence, il reste aujourd’hui bien peu de chose. Les voûtes, en s’écroulant, ont effondré les dalles des pavés et misa nu ces caves placées sous les temples où, selon Varron, on déposait les objets du culte hors de service. Il est pourtant probable que ces ruines vont prendre bientôt un autre aspect. La commission des monumens historiques, à qui nous devons la restitution du Forum, travaille en ce moment à les déblayer. On déterre les chapiteaux, les frises, les corniches, les balustrades ; on relève sur leurs bases ces belles colonnes qui sont tombées tout de leur long, comme celles de Sélinonte ; et lorsque tous ces débris auront été remisa leur place, nous aurons quelque idée de ce qu’était le Capitole de Timgad au ive siècle, quand Ceionius Albinus en vint faire la dédicace.

De l’escalier du Capitole, si nous marchons droit devant nous, dans la direction de l’est, nous arrivons bientôt au théâtre, qui n’est séparé du Forum que par une large rue. Selon un usage très fréquent, le théâtre de Timgad est adossé à une colline, ce qui supprimait beaucoup de maçonnerie et assurait la solidité de l’édifice ; les degrés en étaient taillés dans le roc. On l’a entièrement déblayé, et ce n’a pas été sans peine : comme il forme une sorte d’entonnoir, les décombres s’y étaient entassés jusqu’à près de sept mètres de hauteur. De la façade, qui rappelle celle du théâtre d’Ostie, il reste le soubassement, avec de nombreux débris de colonnes, qui soutenaient un portique où se réfugiaient sans doute beaucoup de spectateurs quand il survenait quelque orage. La scène a entièrement disparu : on n’en distingue guère que l’emplacement qui prouve une fois de plus combien les scènes des théâtres antiques étaient étroites. Comme on le pense bien, le plancher de bois qui composait le pulpitum, ou l’avant-scène, n’existe plus ; mais on voit encore les trois rangées de piliers de pierre sur lesquels s’appuyaient les planches. Le pulpitum se termine par un petit mur qui devait être richement