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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 124.djvu/95

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puissance de progrès devient de plus en plus rapide à mesure que les progrès déjà accomplis sont plus considérables : le mouvement social est un mouvement accéléré, dont la vitesse moyenne s’accroît à mesure qu’on se rapproche du but. De là est résultée une distance croissante entre les races. On pourrait les comparer à des coureurs sur le champ de la civilisation : ceux qui sont en avant ont le pouvoir de courir d’autant plus vite que leur avance est déjà plus grande ; il en résulte que les retardataires, par rapport à leurs concurrens, sont de plus en plus en retard. En d’autres termes, dans les sociétés civilisées, les cerveaux aptes aux idées générales et à l’association des rapports abstraits se sont multipliés à mesure qu’ils étaient et plus utiles et plus utilisés. Il en est résulté des races de plus en plus intellectuelles, où ont disparu une foule d’instincts et de talens inférieurs, comme l’acuité des sens ou les ruses presque animales des sauvages, tandis qu’augmentait, et dans la moyenne et chez les hommes supérieurs, le pouvoir de s’élever aux sommets de la science, de l’art, de la moralité. Ainsi, fils ou non d’Adam et d’Eve, il est clair que, dans la grande famille humaine, des familles secondaires se sont peu à peu différenciées.

C’est surtout dans la race noire que la sélection s’est exercée, à travers de longs siècles, en faveur des plus forts, des plus capables de bien se nourrir, des plus capables aussi de l’emporter sur les autres, soit par le courage, soit par la violence et la férocité. Dans la race blanche, la sélection a fini par s’exercer, sous bien des rapports, en un sens différent ; il était impossible que ces deux évolutions aboutissent aux mêmes formes cérébrales et mentales. Que les noirs soient ou non de la même souche humaine, les hérédités accumulées en ont fait une race actuellement inférieure. Tandis que l’indo-Européen a, en moyenne, un cerveau de 1 534 grammes, le nègre d’Afrique en a un de 1 371, l’Australien, de 1 228. Chez le nègre, la masse cérébrale se groupe surtout vers l’occiput ; chez le blanc, vers les lobes frontaux, « cette fleur du cerveau », disait Gratiolet. Le nègre présente la saillie en avant des mâchoires et des dents, le « prognathisme », et si l’appareil de la mastication est chez lui très développé, en revanche, l’arrêt de développement cérébral produit un angle facial plus petit. Chez le nègre, selon Gratiolet, les sutures crâniennes du front et des côtés se soudent les premières, ce qui implique un arrêt de développement ; chez le blanc, c’est l’inverse.

Le caractère nègre, selon Speke, Baker, etc., a pour traits dominans la sensualité, la tendance à l’imitation servile, le défaut d’initiative, l’horreur de la solitude, la mobilité, l’amour désordonné du chant et de la danse, le goût invincible du clinquant