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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 124.djvu/952

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 août.


Le gouvernement et les Chambres sont en congé depuis la fin du mois dernier : c’est un grand repos pour tout le monde. La dernière quinzaine n’a pas présenté les agitations de celles qui l’avaient immédiatement précédée, et il n’y a pas grand’chose à en dire. Nos députés se sont répandus dans leurs départemens respectifs, où ils sont devenus subitement silencieux ; cette première période des vacances est toute à l’accalmie. Lundi prochain, les conseils généraux se réuniront : il y aura peut-être là prétexte à des discours et à des manifestations. Les journaux radicaux le souhaitent ardemment ; ils donnent aux assemblées départementales le conseil d’occuper la scène vide et d’exprimer à leur manière l’opinion du pays. Peut-être quelques-unes se laisseront-elles entraîner à suivre ces suggestions, mais on peut être certain que le plus grand nombre y résistera. Les conseils généraux sont très sages ; ils savent parfaitement que la loi leur interdit les votes politiques ; de plus, ils se composent d’hommes qui vivent intimement avec le pays et participent à son esprit. Or, le pays est affamé de calme et de tranquillité. Nos députés vivent entre eux dans l’atmosphère surchauffée du Palais-Bourbon ; les journaux leur apportent les bruits du dehors, et les journaux, par instinct professionnel, sont enclins à tout grossir et à exagérer : il en résulte qu’au bout de quelques mois de session la température morale du Parlement est sensiblement plus élevée que celle du pays. Lorsqu’un député rentre chez lui, en province, parmi ses électeurs ruraux, c’est comme s’il prenait un bain tiède. Il s’aperçoit alors que beaucoup de choses qui lui paraissaient d’une importance capitale laissent le pays indifférent ; un déplacement de quelques lieues les fait apparaître sous un angle très rétréci. Les conseils généraux reflètent les sentimens de la province, et, leur session ne durant guère plus d’une semaine en moyenne, ils n’ont pas le temps de s’échauffer comme la Chambre des députés. Tout fait donc espérer qu’ils termineront leur besogne le plus rapidement possible et ne fourniront pas beaucoup de sujets d’articles aux journaux de Paris.

Quant au gouvernement, il fait l’école buissonnière et n’est pas