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Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 128.djvu/604

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de l’intérêt qui se fait sentir violemment dans le monde à la fin du XIXe siècle. La réduction de quatre à trois et demi des lettres de gage permettra à nombre de crédits fonciers de réduire le taux de leurs prêts : ce sera un nouvel avantage fait à l’agriculture, qui a déjà bénéficié en Prusse de plus de 100 millions par an, à la suite de la suppression de l’impôt foncier et clos bonifications d’impôt sur l’alcool. Elle qui ne manque aucune occasion d’accuser les marchés financiers de tous les crimes, ne se fait pas faute de profiter des adoucissemens à ses charges obtenus précisément grâce à. l’activité des transactions mobilières et des facilités de négociations que les Bourses assurent aux obligations hypothécaires, comme à toutes les autres valeurs.

Nulle part d’ailleurs plus qu’en matière financière n’éclate au Parlement allemand la divergence profonde de vues entre ; le parti agrarien et l’élément progressiste, entre ceux qui voudraient dégrever la propriété foncière jusqu’à la mettre à l’abri des risques inséparables des entreprises humaines, et les défenseurs de l’égalité, qui demandent qu’elle contribue pour sa part légitime aux dépenses publiques, et supporte les vicissitudes auxquelles n’échappent ni le commerce ni l’industrie.


III

De même que dans l’étude du bilan d’une société particulière le point délicat est l’évaluation de l’actif, de même il importe, pour se bien rendre compte de la puissance financière d’un pays, d’examiner la nature de ses revenus. La force des choses amène trop souvent les Parlemens à voter des dépenses sans se préoccuper des ressources correspondantes : aussi le ministre chargé de remplir les coffres du Trésor est-il constamment acculé à la nécessité d’inventer de nouveaux impôts ou d’augmenter outre mesure le taux de ceux qui sont déjà établis. Ce n’est pas ici le lieu d’insister sur les déplorables conséquences morales et matérielles de cette politique au jour le jour qui finit par tarir certaines sources de la richesse, ni de déduire les argumens qui peuvent s’en tirer dans la discussion des mérites et des inconvéniens respectifs des impôts directs et des impôts indirects. Cela est d’autant moins nécessaire que le Parlement allemand n’est pas encore de ceux qu’on doive accuser de gaspiller les deniers publics. Il a jusqu’ici plutôt lutté pour la défense des contribuables contre les exigences croissantes de l’administration impériale.

Tous les revenus de l’Empire, sauf les contributions matriculaires des États particuliers, proviennent de ce qu’on appelle les impôts indirects. Si on met en regard de ces contributions les