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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/816

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ni singes véritables. A la fin de l’Éocène et dans l’oligocène, plusieurs mammifères ont marqué des tendances à prendre les caractères de ces divers ordres, mais c’est seulement à l’époque miocène que la différenciation est devenue complète. Après cette époque, les êtres terrestres ont perdu, tandis que les mammifères marins ont été de plus en plus variés.

On voit par les pages précédentes que la diversité du monde organique a augmenté pendant les temps géologiques. Pour le prouver, j’aurais pu, au lieu de considérer la différenciation des familles, m’attacher à la différenciation des organes. Un jour viendra où, tandis que plusieurs paléontologistes étudieront la généalogie des familles fossiles, d’autres paléontologistes feront l’histoire de l’évolution des organes. On choisira tel ou tel os de la tête pour le suivre d’étages en étages ; par exemple on verra par quelles phases ont passé l’occipital, le frontal, l’ouverture nasale, la mâchoire, le tympanique, etc., ou bien on fera l’histoire du bras ou de la jambe, de la main ou du pied, de l’épaule ou du bassin, de J’atlas ou de l’axis, etc. : on apprendra comment, dans la suite des âges, chaque partie s’est peu à peu développée, depuis ses premières manifestations jusqu’au moment où elle a atteint son maximum de perfectionnement. Ces histoires ajouteront de curieux chapitres à l’anatomie comparée et contribueront à prouver que les êtres ont présenté une différenciation de plus en plus tranchée.


IV

De accroissement des êtres. — Comme un individu grandit en passant de l’état embryonnaire à l’état adulte, les corps des créatures qui ont peuplé notre globe ont grandi à mesure que le monde animé passait de l’état initial à celui de complet développement.

Les fossiles trouvés par M. Cayeux dans l’Archéen sont des foraminifères, des radiolaires et des spongiaires qu’on ne peut étudier qu’au microscope.

Le cambrien jusqu’à présent ne nous montre que des êtres d’une dimension peu considérable ; le plus grand d’entre eux, le Pacadoxides Davidis n’avait pas un demi-mètre. Le crustacé problématique d’Amérique dont les empreintes ont été appelées protichnites ne semble point avoir excédé cette dimension. La plupart des autres fossiles étaient beaucoup plus petits. Dans le Silurien, les invertébrés ont déjà acquis un développement considérable, et même, chose assez inattendue, plusieurs