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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/817

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surpassent notablement les espèces du même ordre aujourd’hui vivantes. Ainsi les ptéropodes qui. dans les mers actuelles. sont de chétives bestioles, ont eu des coquilles de 0m,250 de hauteur ; nos ostracodes, difficiles à voir sans le secours de la loupe, ont atteint près d’un décimètre ; des crustacés de l’ordre des branchiopodes ont laissé des pointes caudales tellement grandes qu’on s’est d’abord refusé à croire qu’elles appartinssent à des animaux de cet ordre ; elles ont été prises pour des aiguillons de poissons. On a trouvé aussi, dans le Silurien, un trilobite de 0m, 70 de long, un mérostome d’un mètre, des orthocères de deux mètres et même davantage.

Ces invertébrés, dont la dimension nous surprend, sont de petites créatures comparativement aux vertèbres qui régneront dans les ères secondaire et tertiaire. C’est seulement parmi les vertébrés qu’on rencontre des animaux d’une taille imposante. Or ils étaient à leur début pendant l’époque silurienne. J’ai vu dans le Colorado des couches du Silurien inférieur pétries de débris de poissons ; M. Walcott, qui les a bien étudiés, n’y a reconnu aucun indice de grandes espèces.

A la vérité, nous savons encore peu de chose : l’étude des étranges vestiges des grès armoricains de Bretagne et de Normandie nous en fournit une preuve frappante. On croit rêver quand on voit les empreintes que les paysans des environs d’Argentan appellent des pas de bœufs. Quelles étaient leurs dimensions ? Nous l’ignorons.

La période dévonienne marque de notables progrès. Plusieurs poissons atteignent une assez forte taille. Une aile, trouvée dans le Dévonien du Canada, annonce un insecte qui n’avait pas moins de vingt centimètres d’envergure. Les mers actuelles n’ont pas de crustacé aussi grand que celui du Dévonien auquel les carriers d’Écosse donnent le nom de séraphin.

Pendant les derniers temps primaires, les invertébrés conservent des dimensions considérables. De gros oursins Melonites abondent dans le carbonifère américain. Le roi des brachiopodes. Productus giganteus, large de 0m, 30, est enfoui dans le Carbonifère du Derbyshire. Pour se faire une idée de la taille des insectes houillers, on pourra consulter le bel ouvrage que M. Charles Brongniart vient de publier sur les fossiles découverts par M. Fayol dans les houillères de Commentry ; on y verra la figure du Titanophasma, long de 0m, 25 sans y comprendre les antennes, et un Meganeura qui, avec ses ailes déployées. mesurait 0, 70. Dans ce même terrain de Commentry où se rencontrent des insectes d’une si étonnante dimension. M. Fayol a trouvé un crustacé