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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 140.djvu/298

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Seine, pour les 17 000 mètres cubes qui nous viennent ainsi mis « en œuvre ».

Ces roches, malgré tout, demeurent encore bien plus coûteuses que les calcaires tendres, débités à la scie dentée dans le périmètre des fortifications. Et si ces derniers, originaires de Jouy ou de Saint-Leu, se paient 60 francs seulement par mètre cube de maçonnerie achevée, tandis que le Comblanchien monte à 150 francs et l’Echaillon à 230 francs, ce n’est pas seulement que ceux-ci s’extraient du sol quatre ou cinq fois moins aisément que ceux-là ; c’est surtout que la taille en est plus longue, plus difficile.


III

D’après le dessin d’ensemble de l’architecte, le calepineur, sous ses ordres, trace sur des feuilles de gros papier, à l’échelle de 5 centimètres pour mètre, les figures de chaque pierre, en plan « t en coupe, vues de face et de profil. La liasse de ces feuilles qu’on appelle le « calepin », bien qu’il ne ressemble en rien à celui d’un agent de change et ne soit nullement susceptible d’entrer en une poche quelconque, est remis à l’ « appareilleur », responsable de l’exécution et chargé d’entretenir le chantier, à mesure que la façade monte, des pierres qui doivent s’y ranger. Celles du socle de la maison viendront par exemple de Corgoloin (Côte-d’Or) et formeront deux ou trois assises depuis le niveau du trottoir jusqu’à hauteur d’appui. Elles seront remplacées alors par la roche d’Euville (Meuse), presque moitié moins chère, qui formera l’entresol et le premier étage ; là commenceront les libages tendres de Saint-Vaast ou de Villiers-Adam. Les balcons d’ailleurs seront partout en roches de la première dureté ; de même le passage de porte cochère, ainsi que les piles de magasins, s’il en existe ; tandis qu’à l’intérieur des cours on admet, à partir du rez-de-chaussée, des matériaux plus économiques.

Les modèles, envoyés de Paris à ces ateliers dispersés, ont été remis par les patrons aux ouvriers qui vont partir en guerre contre les blocs impassibles et monstrueux. Le tailleur s’est éclairé par des « plumées » et des « ciselures » tout autour de la pierre ; il a reconnu, à l’équerre et au compas, les points où il faudra donner l’assaut. L’attaque commence avec le têtu, le lourd marteau aciéré ; elle se poursuit à la gradine, au tranchant