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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 140.djvu/788

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de Novgorod l’a privé récemment de la dignité ecclésiastique.

L’espérance que le parti catholique fondait sur cette propagande n’était que l’éternelle illusion de l’entendement, ambitieux de mener le monde ; la raison sourit, il est vrai, des différences rituelles qui séparent les deux confessions, mais la raison ne peut ni peu ni beaucoup dans ces affaires et son pouvoir est zéro. Prétend-on avec un livre, avec un homme, prétend-on en une seule génération corriger une variation vieille de plusieurs siècles ?

La masse populaire russe n’est sujette encore qu’aux lois d’une vie purement physiologique ; les argumens ne valent pas pour elle ; ses croyances sont toutes de coutume et d’inconscience ; les impostures qu’elle accepte sont des plus grossières et des plus risibles. Aussi, comme une lame de verre se fend à réchauffement, la moindre influence catholique ferait se fissurer le bloc orthodoxe, mauvais conducteur de la pensée, et le plus gros morceau resterait du côté du schisme. Un nouveau raskol, pareil à la scission causée dès le XVIIe siècle par la simple résolution d’imprimer les évangiles et de les épurer, s’ajouterait aux sectes sans nombre qui foisonnent dans la steppe, à toute cette ivraie qui étouffe par endroits le bon grain.

Circonstance aggravante, cette secte serait la secte polonaise. Ce nom seul ne remet-il pas en tête toute une sanglante histoire, ne ramène-t-il pas le débat à cette issue trop de fois tentée, à la preuve des armes, et ne montre-t-il pas que le rapprochement rêvé entre ces mondes incommensurables ne pourrait se faire que par une guerre ouverte et par du sang versé ?


V


Le Jeudi Saint.

Hier soir retentissait pour la dernière fois dans les temples la prière de contrition ; le carême achevé, nous entrons dans le temps pascal. Les communians afflueront en nombre à la messe de ce matin ; puis deux rites annuels, propres à cette ville archiépiscopale, seront célébrés dans la cathédrale, la consécration de la myrrhe et le lavement des pieds.

Il ne faut pas confondre la myrrhe avec l’huile sainte. Celle-ci, substance simple, sert pour l’extrême-onction et pour une confirmation symbolique distribuée aux fidèles après les vêpres, les jours de fêtes solennelles. Mais l’application sacramentelle