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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 140.djvu/883

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c’est-à-dire de serrer Abd-el-Kader. « Le traité de Lalla Mar’nia, écrivait le comte de La Rue, n’est pas une simple convention de limites, mais en même temps et surtout un traité de principe qui partage, entre un prince chrétien et le sultan du Maroc, des populations musulmanes ; qui place l’empire d’Algérie sur le pied d’égalité avec l’empire du R’arb, et qui nous reconnaît le droit de poursuivre Abd-el-Kader jusque dans l’intérieur du désert marocain. » Deux ans plus tard, en effet, l’émir rebelle, traqué par nos colonnes, se rendait au général de Lamoricière.

Mais aussitôt, les difficultés commencèrent pour nos administrateurs algériens. Tandis que les uns se débattaient sur la frontière tracée, les autres allaient montrer nos troupes aux populations qui nous devaient obéir dans le sud. C’est alors que nous aperçûmes le véritable intérêt que nous devions attacher au désert. Ce pays incultivable, inhabitable, où ne pouvaient, croyions-nous, s’aventurer nos colonnes, nous apparut alors tel qu’il est en réalité. Parsemé d’oasis, peuplé de nomades, mais qui avaient leurs parcours définis, entretenant un certain commerce, il ne pouvait rester pour nous une quantité négligeable. Et la turbulence de ses habitans, leur mobilité passionnée, leur fanatisme religieux, devaient nous obliger à l’action.

C’est alors que commença cette pénétration vers le Sahara qui, d’abord entreprise pour faire face à des dangers immédiats, nous a conduits jusqu’à concevoir une route qui relierait notre colonie algérienne à nos possessions du Niger. Ce ne sera pas un des résultats les moins surprenans de cette convention de Lalla Mar’nia, puisque nous aurons trouvé dans sa partie la plus vague et la plus confuse la faculté d’étendre le rayonnement de notre influence sans qu’un seul droit nous puisse être légitimement opposé.

Si donc les plaintes qu’elle a soulevées de la part des autorités locales sont malheureusement fondées, si des tâtonnemens défectueux se sont produits dans l’application, en revanche nous avons pu, jusqu’à présent, grâce au zèle de nos administrateurs en tirer un parti dont nous devons nous déclarer satisfaits. Des intérêts qui se rattachent à la politique générale ont obligé notre gouvernement à la maintenir malgré toutes les sollicitations de ses subordonnés. Il ne faut pas nous en plaindre. Si dans le nord, elle nous a lésés, nos droits restent entiers dans le sud, où se développe notre activité, la vigueur de nos entreprises, la patience et