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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 142.djvu/380

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LES RUINES DE PALMYRE
ET
LEUR RÉCENT EXPLORATEUR


I

La chute de Palmyre est un des faits les plus marquans du IIIe siècle de notre ère : elle date de l’an 273. Arrivée à un moment où les invasions des barbares, les guerres civiles, les persécutions religieuses et le meurtre incessant des princes reviennent, dans les annales du monde romain, avec une sombre uniformité, elle jette un éclat imprévu. Elle frappe l’imagination : car non seulement, dans la réalité, la catastrophe est mémorable, mais il s’y ajoute encore un intérêt de sentiment. Une sympathie rétrospective s’attache à Zénobie qui, après que Palmyre fut devenue la capitale de son royaume, l’entraîna dans sa ruine. Zénobie n’a pas à craindre l’oubli : sa vie est devenue légendaire, son nom est entouré d’une célébrité poétique.

C’est le privilège des femmes quand elles sont mêlées à de grands événemens, soit qu’elles les dominent, soit qu’elles y succombent, d’émouvoir l’attention et souvent de passionner l’histoire. Triomphantes, on les exalte ; abattues, on les plaint et, au besoin, on leur pardonne. A distance, leur caractère et leur beauté exercent encore un charme ; et si éloignées qu’elles soient de nous dans le temps, elles sont comme ces beaux marbres antiques qui restent à nos yeux tout pénétrés de lumière.