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une date récente de quatre cent dix-sept au Comptoir d’escompte, qui n’emploie des femmes que depuis quatre ans et qui n’en a jamais nommé plus de vingt-cinq par an.

Il faut aussi tenir compte de ce fait que celles-là mêmes qui sont admises ne le sont pas, du premier coup, d’une façon définitive et pour toute l’année. Elles commencent par être employées comme auxiliaires, au moment des principales échéances, janvier, avril, juillet, octobre. C’est une manière de s’assurer de leurs aptitudes. « La durée de ces emplois temporaires, dit une note qui m’a été remise par un des principaux établissemens dont j’ai parlé, représente annuellement cent vingt jours de travail pour les employées dont l’admission est la plus ancienne, et soixante-cinq jours environ pour celles dont l’admission est la plus récente. On peut évaluer à seize mois environ la durée du stage, à la suite duquel une employée dont le service a été satisfaisant est pourvue d’un emploi permanent. »

Certaines compagnies emploient également, depuis quelque temps, des femmes dans leurs bureaux. Pour ne point abuser des chiffres je me bornerai à donner ceux qui m’ont été fournis par la Compagnie d’Orléans. Cette compagnie emploie dans ses divers services 192 femmes, recrutées exclusivement parmi les femmes, veuves ou filles d’agens. Même ainsi limité, le nombre des postulantes était, à une date récente, de 626. Il n’est guère fait par an plus de sept nominations.

Une dernière perspective s’est ouverte depuis quelques années aux yeux des jeunes filles un peu intelligentes et ambitieuses : celle d’employée dans les grands magasins. Ce n’est pas ici le lieu de traiter cette question si controversée des grands magasins, ni de les défendre contre les préventions dont ils sont l’objet. Ce qu’ils pourraient alléguer de plus solide pour leur défense, c’est l’ardeur des intéressées à y entrer. Je ne citerai qu’un seul chiffre. Aux magasins du Louvre, il n’y a pas en permanence moins de cent demandes pour chaque emploi vacant. Le nombre de ces vacances est fort restreint, grâce à la stabilité de plus en plus grande du personnel, recruté avec beaucoup de soin. Il ne s’en produit guère plus de soixante-dix à quatre-vingts par an. Les demandes auxquelles il n’a pu être donné satisfaction prennent rang après les demandes antérieures. Je ne sais pas le chiffre de ces demandes accumulées, mais il doit être considérable. Nul doute qu’il n’en soit de même au Bon-Marché, et dans les autres