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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 149.djvu/242

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que les territoires chinois qui sont dans leur voisinage immédiat les intéressent tout particulièrement, et ils l’ont notifié à l’Angleterre qui voulait y faire passer un chemin de fer. Une note officieuse, publiée par les journaux, a fait savoir que l’Allemagne avait obtenu trois concessions de chemins de fer dans le Chan-toung. Ce sont sans doute de petites lignes, sur lesquelles on ne nous a pas renseignés davantage et dont nous ne connaissons par les points extrêmes. Elles suffisent vraisemblablement à desservir la province. Pour plus de précision, M. de Bulow a fait parvenir au gouvernement de la Reine un mémorandum qui a été lu à la Chambre des communes. Il réclame nettement pour l’Allemagne non pas un droit exclusif et absolu, mais un droit de préférence pour les lignes à construire dans le Chan-toung : ce ne serait que dans le cas où les Allemands n’en voudraient pas que d’autres pourraient s’en charger. Et cela est vrai aussi pour les lignes de plus longue étendue qui, prenant leur point de départ ou atteignant leur point d’arrivée ailleurs, traverseraient la province. Il avait été question, par exemple, d’une ligne anglaise de Tientsin à Tching-kiang. Le gouvernement allemand a fait observer qu’elle passait à travers le Chan-toung et que, dès lors, on avait à s’entendre avec lui. La concession n’a pas encore été donnée. Le gouvernement anglais a parlé d’abord d’obliquer à l’ouest ; mais alors il trouvait, dans la propre vallée du Yang-tsé, la concurrence d’une ligne franco-belge. Il est probable que l’Angleterre s’entendra avec l’Allemagne pour la construction de la ligne en commun. C’est ainsi, à notre avis, que devraient se terminer la plupart des difficultés de ce genre, au lieu de pousser le conflit à l’extrême, de le porter devant le Tsong-li-yamen qui s’en amuse, et d’aboutir à une victoire ou à une défaite diplomatique, c’est-à-dire à une solution qui laisse toujours un mécontent.

Nous avons parlé d’une voie ferrée franco-belge qui traverse la moitié de la vallée du Yang-tsé-kiang. C’est le chemin de fer de Pékin à Han-keou, que les Américains prolongeront peut-être un jour jusqu’à Canton : en tout cas, ils ont obtenu la concession de ce prolongement. Han-keou est situé sur la rive gauche du grand fleuve. Si les Anglais, mécontens des déceptions qu’ils ont, ou plutôt qu’ils s’imaginent avoir éprouvées dans la politique des portes ouvertes, voulaient pratiquer la politique contraire, il serait trop tard pour fermer hermétiquement les portes de la vallée du Yang-tsé. Le chemin de fer de Han-keou est déjà en construction. Il est fait à part égale par des Belges et des Français. C’est à tort qu’on a parlé d’une