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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/138

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devaient pouvoir produire une température élevée, car les verres de ces époques, peu fusibles, sont néanmoins bien fondus et d’un affinage suffisant que la petite quantité de matière mise en œuvre dans chaque creuset, bien faite cependant pour en faciliter la fusion, ainsi que la durée prolongée de la fonte, n’aurait pas permis seule d’obtenir.

A l’époque actuelle, les améliorations apportées à la fabrication du verre, quelque grandes qu’elles aient été, n’ont que bien faiblement contribué au développement de la peinture sur verre ; elles ont été, au contraire, dans bien des cas, l’origine d’œuvres décoratives des plus médiocres. Pour obtenir des vitraux comparables à ceux des XIIe, XIIIe et XVIe siècles, il faudra recourir aux mêmes moyens que ceux utilisés avant nous et adopter, pour la fabrication des verres en particulier, les mêmes procédés ou des procédés analogues à ceux employés à des époques déjà si éloignées de nous. C’est ce qui a été compris du reste, et depuis quelques années, une fabrication établie spécialement en vue de produire des verres de couleur pour vitraux d’église a donné les meilleurs résultats. En Angleterre d’abord, en France, en Belgique, en Allemagne, des artistes consciencieux et de grand mérite, s’inspirant des meilleurs modèles qui nous soient restés, ont pu, grâce à l’emploi de ces verres, produire des vitraux comparables aux vitraux anciens.

Après avoir rendu ainsi hommage à l’habileté des verriers de l’antiquité et du moyen âge, — sans parler des merveilles accomplies par les artistes de la Renaissance, par les ouvriers arabes et par ceux de Venise, dont les verreries émaillées semblent des ouvrages sortis de la main des fées, — il nous sera permis de reprendre, en terminant, la nomenclature des améliorations dont l’honneur revient à notre époque. Les glaces de grandes dimensions, les vitres parfaitement incolores ont été substituées aux anciennes cives, aux vitraux colorés d’autrefois, aux vitres verdâtres, souvent défectueuses, et nous ne nous en plaindrons pas. Si la chimie nous a rendu un mauvais service, quand il s’agit de vitraux colorés, en produisant des oxydes métalliques plus purs que par le passé, et en augmentant par cela même la crudité, l’intensité et la sécheresse des tons, — ce qui est un défaut au point de vue artistique, — du moins elle a montré en même temps le moyen d’éviter le mal auquel elle donnait naissance. C’est elle encore qui, empruntant l’aide de la mécanique, permet de