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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/318

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LE PROBLÈME CHINOIS

I
PÉKIN — LA CLASSE DES LETTRÉS


I

Brusquement posée voilà quatre ans par l’effondrement de la Chine devant la puissance militaire du Japon, la question d’Extrême-Orient a aussitôt attiré l’attention de toute l’Europe. Reléguée un instant au second plan par les massacres d’Arménie et la guerre gréco-turque, elle a reparu au premier à la fin de 1897, et s’est révélée cette fois comme le plus important et l’un des plus difficiles problèmes que le monde ait à résoudre. Rien ne saurait aujourd’hui la rejeter dans l’ombre et tels événemens qui semblent un instant en détourner les regards se chargent bientôt de les y ramener d’eux-mêmes : de toutes les conséquences probables de la lutte inégale qui a eu lieu entre l’Espagne et les États-Unis, la plus grave peut-être, celle qui préoccupe le plus l’opinion et les hommes d’État de tous les pays, c’est l’établissement des Américains, non pas aux Antilles, mais aux Philippines, parce qu’un nouveau concurrent, jusqu’à présent éloigné et distrait en apparence, viendra s’installer ainsi aux portes de la Chine et s’ajouter à ceux qui en guettent déjà les dépouilles. L’universelle préoccupation du problème chinois fait sentir son influence jusque sur les solutions données à des questions européennes ou méditerranéennes. Si l’Angleterre attache un si grand prix à l’occupation de l’Egypte, ce n’est pas tant pour la réelle richesse du pays que pour sa situation géographique, qui en fait la clef de la route la plus courte des Indes et de l’Extrême-Orient. Si