Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/526

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ENTRE FEMMES

Cette étude pourra, par son titre, causer quelque déception à un certain nombre de lecteurs, voire même de lectrices. On n’y trouvera point, en effet, l’écho de propos légers ou médisans échangés au thé de cinq heures, ou lorsque les hommes ne sont pas encore revenus du fumoir. Il s’agit de tout autre chose, d’une question assez aride, intéressante cependant pour ceux que les questions sociales intéressent.

Les économistes et les hommes d’Etat qui envisagent avec optimisme l’avenir de nos sociétés démocratiques, comptent beaucoup sur la mutualité pour porter remède aux souffrances inséparables de la condition des travailleurs. Ils n’ont pas tort. La mise en commun d’un risque incertain, tel que la maladie, l’accident, le chômage, rend assurément de réels services, en répartissant sur un grand nombre de têtes la chance du risque. Ceux que le risque atteint bénéficient de la prévoyance de ceux qu’il épargne, et ceux qu’il épargne achètent au prix d’un modique sacrifice une sécurité qui a bien son prix.

Faut-il cependant espérer de la mutualité tout ce qu’en attendent quelques-uns de ses partisans ? « Quand on découvre, dit l’auteur d’un livre intitulé Hygiène sociale, les effets certains de la mutualité, et qu’on pressent ses résultats possibles, il semble que l’on pénètre dans un monde merveilleux où le rêve le plus idéal prend la consistance et la réalité de la vie. » Tout récemment, un des hommes qui ont tenu la place la plus honorable dans les conseils de la République, s’exprimait ainsi, dans un discours à ses électeurs : « La mutualité a déjà franchi plusieurs étapes. Il ne lui reste plus qu’un effort à faire. Elle le fera certainement aussitôt que l’éducation économique des travailleurs sera achevée.