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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/883

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Mais Jésus qu’à présent je prie, agenouillé,
N’a pas reçu le jour dans un lieu moins souillé.
Si le moindre frisson de repentir pénètre
Dans un cœur saturé de mal, Dieu peut y naître,
J’ai connu cet espoir et cette vérité,
Un jour béni, quand la douleur m’a visité.
J’ai prié, demandant pardon de mon offense ;
Humblement j’ai rouvert au Dieu de mon enfance
Mon âme, cet asile impur et ténébreux.
Il y daigna descendre et, maître généreux,
Qui même à l’ouvrier tardif donne un salaire,
Il y règne aujourd’hui, la parfume et l’éclairé.
Prières ! Sacremens ! O bienfaits inouïs !
Comme l’étable, aux yeux des bergers éblouis,
Brilla d’une clarté merveilleuse et subite,
Mon âme resplendit, depuis que Dieu l’habite.
Sur la nuit bleue où vibre un hymne de Noël,
S’ouvre le toit obscur qui me cachait le ciel,
Et le hideux remords, l’araignée en sa toile,
Rayonne tout à coup et devient une étoile !


FRANÇOIS COPPEE.