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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/217

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LA
CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC LE GRAND
AVEC LE MARÉCHAL DE GRUMBKOW

Le 22 octobre 1735, le maréchal de Grumbkow écrivait au Prince royal de Prusse qui fut plus tard le Grand Frédéric : « Monseigneur, j’ai été si enthousiasmé, après avoir lu la lettre que Votre Altesse Royale m’a fait l’honneur de m’écrire du 16 d’octobre, que moi, qui n’ai pas une teinture de poésie, fis sur-le-champ le couplet suivant, dont le sens est très véritable et la poésie très mauvaise :

Second Titus, notre espérance
et nos délices,
Ciel, exauce nos vœux,
Sois-lui propice !

« Comme les deux lettres sont déjà fermées et envoyées à Ruhstädt, j’ai mis sur le paquet cacheté le susdit couplet. J’ai dans ce même endroit un coffre-fort où j’ai une infinité de choses curieuses. Mes campagnes y sont décrites, les négociations où j’ai été employé et une infinité de lettres et anecdotes. J’en fais confidence unique à Votre Altesse Royale, pour que, si elle me survit, comme Dieu m’en fera la grâce, elle en soit instruite, et, en mettant les papiers entre les mains d’un homme fidèle et entendu, on en pourrait former des mémoires assez curieux. »

Le maréchal mourut en 1739. Quoiqu’il eût détruit beaucoup de ses papiers, on trouva dans son coffre-fort quarante-deux liasses, avec des chemises ouvertes, contenant un grand nombre de lettres du Prince royal, qui, devenu roi dans l’intervalle, fit déposer le tout aux archives secrètes. Nous connaissions déjà une partie de la correspondance que, sept années durant, il avait entretenue en français avec