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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/233

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impérial des paroles émues auxquelles tous les députés se sont associés en se tenant debout. À la Chambre des députés italienne, le général Pelloux, président du conseil, a rappelé que, sous la courte mais féconde magistrature de M. Félix Faure, un rapprochement s’était opéré entre les deux pays, pour le bien de l’un comme de l’autre. Il en a été de même au parlement espagnol. Quant à l’Angleterre, elle est, on peut le dire, maîtresse dans ce genre de démonstrations. Il y a quelque chose d’imposant dans la manière dont, au sein de chacune des deux Chambres, le chef du gouvernement d’abord, celui de l’opposition ensuite, prennent successivement la parole pour associer l’opinion tout entière au sentiment que le pays éprouve et que ses représentai tiennent à exprimer. Cela se fait avec une solennité très propre à frapper les esprits. La Chambre des lords a entendu le marquis de Salisbury, puis le comte de Kimberley ; la Chambre des communes, M. Balfour, puis sir Henry Campbell Bannermann. Leurs discours témoignent d’une sympathie sincère pour le malheur qui nous a frappés. Lord Salisbury l’a même poussée si loin que, tout en lui témoignant notre reconnaissance, nous serions tentés de trouver qu’il nous a plaints presque trop. Quels qu’aient été ses très grands mérites, la mort de M. Félix Faure est un deuil pour la France, mais non pas un malheur irréparable. « J’espère, a dit lord Salisbury, que nous pourrons voir la continuation de son sage gouvernement dans l’avenir. » Cet espoir sera sûrement réalisé. « Le moment, a continué le premier ministre de la Reine, où M. Félix Faure a été enlevé rend sa perte bien plus sensible parce qu’il existe dans ses relations extérieures avec l’Europe et dans la situation intérieure de la France des problèmes difficiles que ce pays doit résoudre. » Nous conservons la confiance d’y parvenir. Peut-être lord Salisbury a-t-il un peu appuyé sur ces difficultés extérieures et même intérieures, mais il ne faut voir ici que les intentions. Partout elles ont été bienveillantes et généreuses, et la manière dont elles ont été exprimées indique, non seulement la sympathie que la France inspire par sa modération et sa sagesse, mais encore la place qu’elle occupe dans la pensée de l’Europe et dans ses préoccupations.

La première difficulté intérieure que soulevait la mort de M. Félix Faure était de savoir quel serait son successeur. Dès le lendemain, les groupes parlementaires ont mis en avant deux candidatures qui constituaient un véritable pléonasme politique : celle de M. Loubet et celle de M. Méline. M. Méline et M. Loubet, c’est politiquement la même chose ; il est impossible à ceux qui les connaissent et qui ont