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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/363

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échangées à Stuttgart, ne s’était pas laissé prendre aux protestations de l’archiduc Albert, et le prince Gortchakof, toujours vindicatif, loin de se prêter à une réconciliation n’avait fait que récriminer. Le comte de Kisseleff ajoutait même, pour nous impressionner et faire ressortir la loyauté de son gouvernement, que le chancelier russe avait décliné dédaigneusement l’offre de la révision du traité de Paris. Tant de désintéressement était bien fait pour nous charmer. A Vienne, il est vrai, on prétendait tout le contraire ; on affirmait que le prince Gortchakof avait exagéré sa vertu, et qu’il s’était montré tout disposé à passer l’éponge sur le passé, si on voulait lui donner des gages effectifs, c’est-à-dire lui accorder précisément ce qu’il prétendait avoir refusé.

Les explications fournies sur l’entrevue de Breslau n’étaient pas moins rassurantes ; on ne s’était rencontré que pour renouer les liens de famille entre les deux Cours, quelque peu détendus depuis la guerre d’Orient. L’empereur Alexandre avait beaucoup engagé le prince Guillaume à se rapprocher de l’empereur Napoléon et il lui avait demandé de raccorder sa politique avec la sienne au congrès, s’il devait se réunir. Du côté de la Russie l’horizon se rassérénait, et l’Angleterre n’était plus autant à redouter.


G. ROTHAN.