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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/418

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à un vagabond ? Si l’auteur du crime habite le pays, les investigations auront lieu et pourront être renouvelées avec fruit. Seulement, s’il s’agit d’un vagabond, comme il aura déjà franchi un département au moment où la justice entrera en scène, comment le découvrir ? où chercher ?

Mais, avant de donner à cette question de l’insaisissabilité des criminels vagabonds le développement que son importance comporte, examinons le point de savoir si les vagabonds fournissent un contingent important de meurtriers et de voleurs.


IV

En consultant les statistiques criminelles, on remarque que, parmi les crimes relevés à la charge des individus sans domicile fixe, figurent spécialement des vols, des attentats aux mœurs sur des enfans, des faux, des assassinats, des meurtres et des incendies. Si l’on recherche quels sont les départemens dont les cours d’assises condamnent le plus d’accusés sans domicile fixe, on s’aperçoit que ce sont les départemens du littoral méditerranéen, puis ceux qui se trouvent sur la route de Marseille à Paris, c’est-à-dire ceux de la vallée du Rhône et de la Saône, la Côte-d’Or, la Haute-Marne, l’Aube, la Marne, Seine-et-Oise, et enfin ceux qui composent la Normandie et la Bretagne, puis la Sarthe, la Loire-Inférieure, les Charentes, la Gironde et les Basses-Pyrénées : précisément les régions plus spécialement fréquentées d’habitude par les vagabonds.

Le nombre des individus sans domicile fixe condamnés pour crimes a suivi une progression constante : de 6 pour les assassins en 1845, il s’est élevé en 1894 à 16 ; et de 7 à 17, pour les meurtriers ; le chiffre des vols qualifiés, commis par des individus sans domicile, a progressé pendant la même période de 212 à 391 ; celui des attentats aux mœurs, de 7 à 32. Cette augmentation progressive ne correspond point à un accroissement proportionnel de la criminalité. En ce qui concerne les assassins et les meurtriers, le nombre des individus sans domicile fixe se trouve être le 1/8 de la totalité des condamnés. Toutefois il est certain que la proportion n’est plus la même, s’il s’agit des crimes commis par des vagabonds, mais dont les auteurs sont restés inconnus. Il est hors de doute qu’une part très grande des crimes et délits classés sans suite par les parquets, ou suivis d’ordonnance de non-lieu des