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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/539

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seront accomplis et le cycle de douze mille années révolu, il suscitera de la semence de Zoroastre un sauveur, qui réveillera les morts, séparera les bons, achèvera par une expiation suprême la purification des méchans et consommera la défaite et l’anéantissement d’Ahriman.

Mithra est l’un des Izeds. Il appartient à la plus vieille mythologie arienne. Dans les Védas, il est déjà un dieu-lumière, l’assesseur et le compagnon de Varouna. « Il fait le bien par son regard et par le jour qu’il apporte, » et déjà s’identifie avec le soleil. Dans l’Iran, sa fortune est plus éclatante. Son rôle est encore effacé dans les parties liturgiques et rituelles de l’Avesta. Mais bientôt sa personnalité se dégage et se précise. Dans le Yescht (acte d’adoration) qui lui est consacré, il apparaît avec les premiers linéamens de la physionomie qu’il gardera jusqu’à la fin. Il a été créé par Ormuzd qui l’a fait aussi digne d’honneur que lui-même. Il s’avance au-dessus de la montagne de Hara, précédant la course du soleil et survivant le soir à la disparition de l’astre. Il est à la fois l’aurore et le crépuscule. Seigneur des vastes pâturages du ciel, il distribue la richesse et la fécondité. Il combat, guerrier infatigable, les ténèbres et les œuvres de ténèbres. Il a dix mille yeux et dix mille oreilles. Rien de ce qui se fait sur la terre ne lui échappe et il sait le chemin des plus secrètes pensées. Il découvre et déteste le mensonge ; il est le dieu de vérité. Il garde les contrats et il est le garant de la parole donnée. Il préside aux relations sociales, aux liens qui unissent les hommes et assure la stabilité du foyer. Il est l’ami et le consolateur. « Le pauvre, pratiquant la doctrine de vérité, privé de ses droits, l’invoque à son secours, lui dont la voix, quand il se plaint, s’élève et atteint les astres. » Il ramène à l’étable la vache emmenée captive, qui l’appelle à grands cris, comme le mâle, chef du troupeau. Il est médiateur entre les hommes et médiateur entre la créature et le créateur. Il préside au sacrifice, comme le prêtre, et offre le premier le hôma dans un mortier émaillé d’étoiles. Après la mort enfin, c’est lui qui aide les âmes à passer le pont fatal et pèse leurs actions dans les plateaux de sa justice. Il est déjà le triple Mithra, dieu du ciel, de la terre et de la mort.