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enveloppe va s’étendant de manière à offrir un champ plus vaste au contenu qui lui-même s’accroît à son tour.

Il n’est pas douteux qu’il règne dans la cellule une tension intérieure assez considérable. Pour prendre une grossière image, on peut dire que toute cellule végétale pourvue d’enveloppe est dans la condition d’un ballon de caoutchouc gonflé d’air ; ou, plus exactement, puisqu’il n’y a pas de gaz libre dans l’élément vivant, c’est une vessie dans laquelle on aurait refoulé du liquide de manière à la distendre. C’est grâce à cette distension forcée que la cellule est rigide, dans sa jeunesse. Plus tard, la rigidité tient à d’autres causes : dans les tissus vieillis, il s’est produit des incrustations de la membrane ; ces dépôts ligneux plus ou moins durs font l’office d’une charpente ; ils assurent la solidité de la plante et garantissent les parties contre l’écrasement réciproque. Mais, dans les tissus jeunes, il n’en est pas ainsi : tout ce qui y existe, protoplasme ou membrane, est mou, semi-fluide, incapable de se tenir par soi-même. La jeune tige s’effondrerait donc, comme un sac vide, si les cellules n’étaient dilatées et rendues turgides : si, en un mot, il n’existait pas de tension interne suffisante.

Le degré de cette pression hydrostatique, due à la surabondance de la sève cellulaire, a pu être mesuré. Sa valeur est considérable. Elle varie, en moyenne, de 5 à 11 atmosphères, dans les cellules de la plupart des plantes qui vivent dans le sol ou dans les eaux douces. C’est dire qu’elle atteint presque celle de la vapeur dans nos locomotives de chemin de fer ; celle-ci, en effet, oscille de 9 à 10 atmosphères. Ce n’est pas à dire que la fine membrane cellulaire de qui l’on exige une telle résistance expose ce petit appareil au danger d’une explosion. Les pressions hydrostatiques ne se comportent point comme les pressions gazeuses ; les liquides n’ont point de ressort ; leur élasticité est nulle. Si une pression d’eau dépasse la résistance du réservoir, celui-ci se rompt, le liquide s’écoule et se répand sans être projeté ; il n’y a pas davantage de projection de débris ; l’énorme pression disparaît instantanément : elle tombe à zéro aussitôt que la fissure s’est produite. C’est ce qui arrive dans les cellules végétales lorsque, par aventure, la pression intérieure du suc cellulaire s’y élève trop haut.

Nous venons de parler de la valeur moyenne de la pression interne dans la cellule. Sa valeur minima ne descend pas