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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/687

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déjà longue et cependant fort incomplète suffit à montrer l’étendue du mouvement créé en biologie animale par les travaux initiateurs de Dutrochet, Pfeffer, de Vries et Van t’Hoff.

Quant au mouvement provoqué dans le domaine des sciences physico-chimiques, ce n’est pas le lieu d’en examiner le détail. Il suffit d’en affirmer, là encore, l’importance et l’étendue.

Les applications pratiques, elles aussi, n’ont pas fait défaut. Quelque temps après les recherches de Dutrochet, l’industrie des sucres reçut une amélioration importante du fait de l’introduction des procédés de diosmose. M. Dubrunfaut, de 1854 à 1873, imagina un appareil, l’osmogène, qui a été perfectionné depuis lors et qui permettait de purifier les liquides sucrés, et d’extraire des mélasses une grande quantité de sucre autrefois perdu.


II

L’artifice de la membrane semi-perméable, voilà ce qui caractérise l’œuvre de M. Pfeffer ; il a suffi de cela pour révolutionner la question de l’osmose. Une membrane semi-perméable est celle qui donne libre passage à l’eau et qui arrête tous les corps dissous. Par rapport à l’eau, elle est comme si elle n’existait pas : elle n’oppose dans un sens ni dans l’autre aucune résistance à ses mouvemens, ou du moins elle ne fait que les ralentir. Placée entre deux biefs d’inégale hauteur, elle permet le déversement du plus élevé dans le plus bas jusqu’à égalisation des niveaux, comme ferait un tuyau de communication plus ou moins étroit. Mais elle arrête toutes les autres substances, comme si leurs molécules étaient trop grosses pour passer et que celles de l’eau, seules, fussent assez ténues pour s’insinuer à travers ses pores. Si l’on fait usage d’une membrane de ce genre pour séparer, dans l’endosmomètre, une solution de sucre d’avec de l’eau pure, le phénomène se borne à l’afflux de celle-ci dans la solution sucrée ; pas une parcelle de sucre ne sort du vase intérieur. Le niveau baisse d’un côté, il s’élève de l’autre, et le manège continue, jusqu’à ce que l’impulsion, qui tend à faire pénétrer l’eau, soit équilibrée par le poids de la colonne soulevée qui résiste à cette pénétration. Le mouvement ascensionnel s’arrête alors : les choses restent en l’état, indéfiniment. La hauteur du soulèvement mesure la force ou pression osmotique.