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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/793

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VOYAGE
DE
LA DUCHESSE DE GUICHE
EN FRANCE EN 1801

L’histoire, même celle de temps déjà éloignés, devient facilement contemporaine, quand elle touche à une époque qui a des rapports plus ou moins directs avec nos intérêts ou nos passions. Au contraire, elle paraît s’éloigner de nous, malgré ses dates plus récentes, quand elle n’offre à nos yeux qu’un passé pour le moment sans couleur. « Certains événemens ont plus de cent ans, ils ont dix ans, » disait un homme d’esprit, et l’inverse peut sembler également vrai. La lutte de Frédéric II et de Marie-Thérèse, vieille de cent quarante ans, a rajeuni sous la plume de son éminent historien et était redevenue actuelle au lendemain de Sadowa. A défaut d’autres exemples, la faveur avec laquelle l’opinion publique accueille certains épisodes de nos livres ou de nos théâtres, se rapportant à l’époque du Directoire ou du premier Empire, en serait la meilleure démonstration.

Et puis, nous aimons à revivre ; c’est notre droit, l’instinct naturel de l’homme qui lutte jusqu’à la fin contre la mort et espère la résurrection. Nous nous demandons ce que nous ferions, si l’occasion nous était offerte de repasser par les mêmes routes que nos pères ont traversées. Puisque les circonstances offrent quelque analogie, saurions-nous nous en tirer mieux ou plus mal qu’eux ? Points délicats, problèmes redoutables. Le moindre souvenir peut alors éveiller en nous et faire vibrer des sentimens ou des passions qui, en des temps plus calmes, seraient restés immobilisés dans le lointain de nos mémoires.