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LA FRANCE DU LEVANT

V
LES CAUSES DE DÉCLIN

A la différence de notre prépondérance politique, et de notre primauté commerciale, notre protectorat religieux n’a pas trahi notre attente. Les capitulations l’ont fondé, les siècles l’ont accru. Valois et Bourbons cherchaient dans les services rendus à la foi chrétienne une excuse à l’alliance turque. Les sultans, sollicités d’étendre à d’autres nations les privilèges politiques et commerciaux qu’ils avaient d’abord réservés à la France, trouvaient leur compte à lui accorder une compensation précieuse pour elle et sans importance pour eux. Enfin aucune puissance catholique n’était à même de dédaigner nos bons offices : ni l’Italie morcelée en petits États, ni l’Autriche, ni l’Espagne et la Pologne ennemies perpétuelles des Turcs. C’est avec la gratitude de toutes que la France offrait, sous son drapeau, à leurs religieux, à leurs prêtres, à leurs pèlerins, sûreté pour les personnes et liberté pour le culte.

L’usage compléta le droit. Peu à peu, le clergé catholique des races conquises par le Turc échappa à son souverain territorial pour participer au privilège des Francs. Par ces clergés se trouva établi un lien entre notre protectorat et leurs communautés

  1. Voir la Revue des 15 novembre et 15 décembre 1898, du 15 janvier et du 1er mars 1899.