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M. Féré montre aussi fort bien qu’entre l’épilepsie partielle, jacksonienne et l’épilepsie essentielle il n’y a pas une différence aussi considérable qu’on le croit encore dans l’aspect clinique.

Un second caractère que nous pouvons découvrir dans cette étude, est la tendance prédominante de l’auteur à faire usage des procédés d’enregistrement psycho-physiques et physiologiques. Dans la voie qu’il avait ouverte avec Sensation et mouvement, il s’engage de plus en plus et ce sont les résultats de cet ordre auxquels il attache le plus d’importance, auxquels il attribue une grande portée.

Les phénomènes d’épuisements consécutifs au paroxysme ont préoccupé particulièrement M. Féré. Cet épuisement que l’on peut inscrire au moyen du dynamographe et du dynamomètre est plus grand à la suite des accès nocturnes ; ce résultat viendrait à l’appui de l’opinion des auteurs qui pensent que les accès de nuit sont généralement plus intenses.

Les troubles postépileptiques du langage articulé ont pour conditions physiologiques des troubles de la motilité de la langue, qui avaient passé jusqu’à présent inaperçus. L’invention d’un glosso-dynamomètre a permis d’en révéler l’existence. L’exagération de la contraction idio-musculaire paraît être un phénomène propre aux états adynamiques. Aussi n’est-il pas étonnant de la retrouver parmi les phénomènes d’épuisements consécutifs au paroxysme épileptique. Les troubles de la sensibilité et la recrudescence postparoxystique coïncident avec les modifications de la durée du temps de réaction ; l’épuisement se traduit aussi par des troubles de la nutrition. M. Féré a cherché si l’iodure de potassium était éliminé d’une façon spéciale après l’accès ; il lui a semblé que l’iodure était éliminé beaucoup plus rapidement après l’accès qu’avant. À la suite des accès, l’action physiologique de la pilocarpine est plus lente à se produire et moins intense, la pression artérielle baisse également ainsi que la quantité d’hémoglobine.

Ce ne sont naturellement que quelques-unes des recherches de M. Féré que je puis indiquer ici rapidement. Je note encore en passant les signes de « dégénérescence » que M. Féré a trouvés chez les épileptiques, entre autres, l’astigmatisme, les asymétries chromatiques de l’œil, la déviation de la pupille, le déplacement du tourbillon des cheveux, la diminution de la capacité vitale du poumon, enfin des anomalies diverses des membres.

Il y aurait à appeler l’attention tout particulièrement, au point de vue pratique et social, sur le chapitre consacré à l’assistance des épileptiques, quoique cela soit en dehors du terrain de cette Revue. L’auteur montre qu’on obtiendrait de meilleurs résultats pour les malades et aussi pour les contribuables en intervenant d’une façon moins aveugle, en ne faisant pas de l’assistance pour l’assistance.

P. C.