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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/103

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ANALYSES.icard. Période menstruelle.

Paul Garnier. La folie a Paris. Paris, J.-B. Baillière, 1890.

Ce livre débute par une partie statistique dont voici le résumé : de 1872 à 1888 les cas de folie ont augmenté de 30 p. 100. Le maximum d’entrées à l’Infirmerie spéciale se trouve au printemps. L’alcoolisme et la paralysie générale augmentent, surtout l’alcoolisme, dont les cas ont doublé depuis quinze ans. Les femmes prennent de plus en plus part à cet accroissement déplorable et les faits de violence commis sous l’influence de l’alcool deviennent plus nombreux. Enfin l’alcoolisme semble jouer un rôle de plus en plus grand dans l’étiologie de la paralysie générale.

On trouvera de nombreuses observations dans les parties clinique et médico-légale.

P. C.

S. Icard. La femme pendant la période menstruelle. Paris, F. Alcan, 1890.

Ce livre a pour but d’étudier l’état mental de la femme pendant la période menstruelle. La conclusion générale de l’auteur est que « la fonction menstruelle peut par sympathie, surtout chez les prédisposées, créer un état mental variant depuis la simple psychalgie, c’est-à-dire le simple malaise moral, la simple inquiétude de l’âme, jusqu’à l’aliénation, à la perte complète de la raison ; et modifiant la moralité des actes depuis la simple atténuation jusqu’à l’irresponsabilité absolue ».

Cette phrase indique que M. Icard a tranché une question, qui était encore débattue par de nombreux auteurs ; car si actuellement, surtout depuis Esquirol et Marcé, la grossesse, l’accouchement et l’allaitement sont des causes admises par tous de perturbation mentale, on n’avait pas encore, à ce point de vue, attaché une importance suffisante à l’action des règles sur le cerveau. Après la lecture de ce volume, la conviction doit être faite, et d’ailleurs chaque médecin n’a-t-il pas constaté lui-même des cas dans lesquels la période menstruelle donnait lieu à des phénomènes nerveux, particulièrement névralgiques ou mentaux ? Ce livre présente un exposé de l’ensemble de la question. Cependant on nous permettra, dès le début, une critique, car ce travail n’a pas seulement pour but l’établissement d’un fait scientifiquement constaté, mais aussi il comporte expressément, d’après l’aveu de l’auteur lui-même, des conséquences médico-légales. Or la doctrine de l’auteur me paraît fâcheuse, quoiqu’elle soit la doctrine régnante, et je serais désolé que ce livre vînt la renforcer. Cette doctrine tient dans les mots : « depuis la simple atténuation jusqu’à l’irresponsabilité absolue ». Ainsi l’auteur admet la théorie de la responsabilité, avec cette aggravation qu’il croit que l’on peut apprécier le degré de cette responsabilité. Il n’y a rien de plus dangereux que cette doctrine qui ne