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ANALYSES.ch. mercier. Sanity and Insanity..

nieuse de la relation si connue de tous les aliénistes entre les idées érotiques et les religieuses. Il y aurait un fond commun au sentiment sexuel comme au sentiment religieux à l’état normal, à savoir l’amour du sacrifice de soi à un autre.

Mais un peu plus loin l’auteur disant que la seule fonction de l’élément mâle dans la reproduction est de donner au germe une impulsion suffisante pour qu’il puisse parcourir sa carrière de vie, l’élément femelle étant la matière du corps et l’élément mâle l’énergie qui anime cette matière, je ne puis m’empêcher de trouver que cette explication est bien métaphysique et de plus matériellement inexacte. Cela tient à ce que M. Mercier paraît ignorer les recherches de Van Beneden, de Flemming, His, et de tant d’autres sur la karyokinèse, travaux qui ont jeté un jour si grand sur les premiers phénomènes de la reproduction.

Les chapitres consacrés à l’étude des causes de l’aliénation renferment une revue très complète de toutes les sortes de traumatismes possibles.

M. Mercier propose à son tour une nouvelle classification dont voici les points principaux. Tout d’abord, il n’y a certainement pas de folie puerpérale, épileptique, religieuse ou goutteuse, en tant que forme distincte. Il faut reconnaître que, si les causes occasionnelles sont nombreuses, la forme réelle sous laquelle se manifeste l’aliénation ne dépend pas, jusqu’à un certain point, de la nature du traumatisme qui l’a développée. Les parties supérieures du système nerveux qui sont les dernières à se développer, sont les parties les plus sensibles à tout défaut dans la vigueur du processus du développement. Il y a tout d’abord deux défauts de développement du système nerveux supérieur, à savoir : l’insuffisance et la fausse direction du développement. La première forme à reconnaître est donc l’idiotie et la faiblesse intellectuelle à ses différents degrés ; la seconde forme, la seconde classe pour mieux dire, renferme les cas d’aliénation dus à un développement suffisant mais erroné. Il faut en outre bien se souvenir que tout phénomène morbide n’étant que l’exagération d’un phénomène physiologique, on doit pouvoir trouver dans la vie normale des phénomènes qui ressemblent presque complètement à la folie ; ainsi, le sommeil, la vieillesse et les intoxications sont des approximations de folie. Le sommeil normal est une démence temporaire et complète ; la décadence de la vieillesse est une démence physiologique ; l’intoxication alcoolique est une folie passagère ; mais l’auteur va un peu loin, quand il croit que toute forme quelconque de folie peut être simulée par un cas d’alcoolisme. Les conclusions que tire l’auteur de cette comparaison sont assez hypothétiques. Quoi qu’il en soit, elle l’amène à la classification représentée par les tableaux suivants, entre lesquels on peut choisir, le principe fondamental étant que la forme de l’aliénation varie avec la région et l’étendue du système nerveux affecté, et varie aussi selon que l’affection est une perte de fonction ou une augmentation ou une diminution dans la tension de l’énergie nerveuse circulante.