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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/238

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tures, elles continuent à s’accroître et se multiplier encore assez longtemps, elles n’y parviennent que grâce aux soins avec lesquels la nourriture leur est toujours donnée en abondance, et surtout grâce à leur isolement, qui les met à l’abri des risques et périls de la concurrence vitale. Il ne faut donc guère espérer de rencontrer des dégénérées du premier et du second degré dans la nature, car elles doivent y succomber presque immédiatement après leur, apparition. »

Les produits successifs des bipartitions ont une taille de plus en plus réduite. Quand, de 160 millièmes de millimètre, qui est la taille normale, elle est descendue à la moitié, ce qui représente le 1/8 en volume, l’animalcule ne prend plus de nourriture, ayant perdu la plupart des organes qui servent à la préhension des aliments. Il se fissipare encore deux ou trois fois ; la taille, naturellement, va se réduisant en conséquence jusqu’à ce qu’enfin les dernières bipartitions donnent des avortons de 40 à 45 millièmes de millimètre, c’est-à-dire environ 60 fois moins volumineux, et qui ne se divisent plus.

C’est vers la 130e génération qu’apparaissent des individus sexués, si l’on peut ainsi dire. Leur taille est alors de 110 à 135 millièmes de millimètre, ce qui représente à peu près la moitié en volume ; et pendant environ une cinquantaine de générations subséquentes, on peut constater de nombreuses conjugaisons. Là conjugaison telle qu’elle se manifeste extérieurement, consiste dans l’accolement momentané de deux individus. Pendant le temps qu’il dure, leurs micronucleus se divisent, et ils en échangent la huitième partie. Après quoi, les deux conjoints se séparent, complètement rajeunis. Ils se mettent en chasse et bientôt ils ont regagné leur taille normale. Puis le cycle recommence.

Si, au contraire, on laisse se poursuivre les générations agames, les individus résultants manifestent un éloignement de plus en plus prononcé pour la conjugaison ; les unions, quand elles ont lieu, sont de moins en moins heureuses ; vers la 230e génération, elles sont ordinairement stériles ; plus loin encore, les individus s’atrophient et ne cherchent plus à se conjuguer.

M. Maupas — je le dis ici pour prévenir toute espèce d’objection dans l’esprit du lecteur — a porté son attention sur les mélanges. Les conjugaisons entre proches parentes, c’est-à-dire entre stylonichies issues de la même culture, se sont montrées en général plus stériles que les conjugaisons entre mélangées, c’est-à-dire entre individus provenant de cultures différentes. C’est là une conséquence conforme à ce que nous savons ou croyons savoir sur les mariages consanguins.