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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/239

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j. delbœuf. — pourquoi mourons-nous ?

Les espèces d’infusoires herbivores, carnivores, omnivores, observées par M. Maupas présentèrent les mêmes phénomènes.

De plus, M. Maupas a remarqué qu’une de ces espèces, la Leucophrys patula, se conjuguait toujours sous la forme naine, forme qu’elle prenait après une série de bipartitions rapides ; et il a observé la même chose chez d’autres espèces encore, le Didinium nasutum, l’Enchelys farcimen et le Prorodon teres.

En résumé donc, dit M. Maupas, la dégénérescence sénile des infusoires présente deux degrés. Au premier degré, leur taille seule est un peu réduite, d’un quart environ chez les stylonichies ; ils sont aussi actifs qu’à l’état normal ; ils manifestent des appétits sexuels. Mais, s’ils continuent à se propager par fissiparité, ils donnent naissance à un nombre de plus en plus grand d’individus dont la dégénérescence est arrivée au second degré, et qui ont perdu la faculté de se nourrir et de se reproduire.

Avant de quitter ce sujet, j’aurais à dire quelques mots des nouvelles recherches de M. Maupas. Quelques-uns des détails que je vais donner n’intéresseront peut-être que les spécialistes, mais les autres ne sont pas étrangers à notre étude et en faciliteront l’intelligence.

Il résulte de ces recherches[1] que le macronucleus présiderait aux fonctions nutritives, et le micronucleus aux fonctions génératrices. Dans le travail précédent et que je viens d’analyser, M. Maupas ne se prononçait pas catégoriquement sur ce point.

Voici les propositions fondamentales de ce long mémoire :

1o Chez tous les infusoires ciliés, il existe toujours, à côté du macronucleus, qui préside aux fonctions de la vie de nutrition, un ou plusieurs micronucleus, organes essentiels de la fécondation.

2o La famine semble être la cause déterminante de la conjugaison des ciliés arrivés à maturité.

3o La période de maturité n’arrive qu’après un certain nombre de générations agames, et disparaît sans retour si, grâce à l’abondance de nourriture, la multiplication par fissiparation se continue au delà d’une certaine limite ; passé cette limite, la fissiparation se termine par la mort de tous les individus issus de cette façon.

4o La conjugaison n’a lieu et n’est féconde qu’entre individus appartenant à des cycles distincts, c’est-à-dire non proches parents.

  1. Le rajeunissement karyogamique chez les ciliés (Archives de zoologie expérimentale, etc., de H. de Lacaze-Duthiers, 2e série, t.  VII, p. 149 à 517, 1889). — Les termes de macronucleus et de micronucleus désignent deux noyaux cellulaires, dont le plus petit a été regarde, jusque dans les derniers temps, comme étant sans importance.