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ÉTUDE

SUR UN CAS D’ABOULIE ET D’IDÉES FIXES


La plupart des auteurs qui ont étudié la psychologie ont toujours recommandé l’étude des maladies mentales : ils pensaient, et avec raison, que les perturbations des phénomènes moraux permettaient de mieux comprendre certaines opérations de l’esprit qui sont d’ordinaire peu distinctes. Si ce conseil a été rarement suivi, c’est qu’il faut pour cette étude être placé dans des conditions toutes particulières. Je dois tous mes remerciements aux médecins qui ont bien voulu diriger mes premières études sur l’aliénation ; à mon éminent maître, M. le Dr J. Falret, qui a bien voulu me permettre d’étudier les malades de son service à la Salpêtrière, et à mon ami M. le Dr J. Séglas, médecin adjoint du même établissement, qui m’a toujours aidé de son expérience d’aliéniste et de psychologue. C’est grâce à eux que nous avons pu recueillir quelques documents sur les troubles de l’esprit, et en particulier l’observation d’une malade assez curieuse que nous désirons faire connaître. Nous espérons que cette observation, tout incomplète qu’elle est, justifiera la méthode dont nous parlions et montrera l’intérêt que l’étude des maladies mentales peut présenter au psychologue.

La personne que nous avons choisie pour objet principal de cette étude est une jeune fille de vingt-deux ans que nous désignerons, tout à fait par convention, sous le nom de Marcelle. Elle présente, pour le dire d’abord en un mot, une disparition, une abohtion presque totale de cette faculté, qui a bien quelque importance et qu’on appelle la volonté. C’est une personne absolument sans volonté, une aboulique, comme on les appelle. Nous allons voir chez elle comment se manifeste, comment se prouve cette suppression de la volonté et nous y parviendrons surtout par l’étude de ses mouvements. Mais nous insisterons surtout sur les conséquences qu’une pareille altération de l’esprit peut avoir sur les mouvements, sup-