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Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/114

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cure ont en aversion le langage des mots parce qu’il est matériel et qu’il n’a pu parler avec eux que par une espèce de pensée active… Leur langage était formé, non de mots, mais d’idées qui se répandaient de tous côtés par mes intérieurs… Les idées qui tenaient lieu de mots étaient séparées les unes des autres, tellement qu’on percevait à peine quelque intervalle : c’était dans une perception comme le sens des mots chez ceux qui ne font attention qu’au sens, abstraction faite des mots. Ce langage était pour moi plus intelligible que le précédent, et il était aussi plus plein… Ensuite ils parlèrent avec encore plus de continuité et de plénitude… Enfin, ils parlèrent de manière que le langage tombait seulement dans l’entendement intérieur. » Swedenborg appelle ce langage : langage cogitatif.

En somme, l’existence d’une pensée sans mots est encore plus difficile à établir que celle d’une pensée sans images sensorielles. Si l’on examine avec quelque attention les déclarations des mystiques, quoiqu’elles varient un peu dans la forme de l’un à l’autre, elles ont un fond commun. Ils décrivent, comme ils peuvent, en termes bizarres,