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Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/171

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la diminution des heures de travail prouvent que, malgré les apparences, la nature humaine reste la même, et que l’aspiration vers le moindre effort ne perd pas ses droits[1].

Nous avons vu que la répugnance à l’effort est primitive, instinctive, spontanée. Plus tard, par le fait de l’expérience, elle devient réfléchie ; l’effort est évité parce qu’il est pénible ou douloureux. La réflexion est allée plus loin ; elle s’est élevée à une philosophie du repos. On en trouve la preuve dans les systèmes métaphysiques et dans les croyances religieuses qui ont placé

  1. Ferrero (loc. cit., p. 177) a fait des remarques analogues. « La civilisation a réussi à faire contracter l’habitude du travail musculaire à la majorité des hommes et c’est même une de ses plus brillantes conquêtes ; mais combien elle a coûté cher ! Il a fallu l’échafaud, la misère, l’esclavage pour habituer l’homme à porter ce fardeau et même aujourd’hui la victoire est loin d’être complète. Il y a des classes sociales tout entières qui ne tendent qu’à se soustraire à la loi du travail, tels que les criminels, les vagabonds, les prostituées. Le goût de l’oisiveté est un caractère qu’on trouve dans toutes les formes de dégénérescence, car l’amour du travail étant une des formations les plus récentes de l’évolution psychique est aussi une des premières à disparaître dans les cas pathologiques. »