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Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/173

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repos. On sait que la nature psychologique du nirvâna a été très discutée. Mais que l’on admette avec les uns « une cessation complète du sentir et de l’agir » ou, avec d’autres, une sorte d’extase fixée, les raisons qui doivent déterminer les hommes à le conquérir sont nettement déduites : il faut supprimer le désir qui est source de l’action, qui est source du changement ; parce que tout changement, tout devenir est douloureux. C’est la doctrine de la permanence.

Si l’on objecte que cet état, sous peine d’être le néant, suppose quelque activité intellectuelle, il faudra pourtant reconnaître que la contemplation est, entre toutes les formes de la conscience, la plus pauvre en éléments moteurs.

Sans doute cette conception de la vie présente et future n’est pas celle de la majorité des hommes, mais elle montre du moins qu’à l’opposite de ceux qui ont placé leur idéal dans le mouvement, il en est d’autres qui l’ont mis dans le repos : et il m’a paru curieux de faire voir comment un instinct très simple, très banal a pu, par le travail subtil des métaphysiciens et des théologiens, se transformer en une doctrine philosophique.