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Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/72

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IV

Notre investigation serait incomplète si nous laissions dans l’oubli l’invention de quelques psychologues : celle d’un moi inconscient. Ce terme et la conception qu’il implique sont abusifs et inacceptables. Le moi, la personne, est tout un composé d’éléments constamment variables, mais qui, dans leur perpétuel devenir, conservent une certaine unité. Or, on ne trouve rien de semblable dans ce prétendu moi : aucun principe d’unité, tout au contraire une tendance à la dispersion et à l’émiettement.

La conscience est soumise à la loi de la succession ; son champ est très restreint ; il ne peut contenir à la fois qu’un très petit nombre d’états simples dans le présent (6 ou 8 au plus, d’après les expériences des psychophysiciens). L’activité inconsciente est affranchie de cette nécessité. Rien n’empêche en elle une simultanéité de processus distincts, étrangers les uns aux autres, évoluant chacun pour son compte et dont les procédés sont différents.