Aller au contenu

Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 1.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 131 )

ne tenterez pas le Seigneur votre Dieu. — Comment donc faire ? répondit-elle : si je doute, il ne m’écoute pas ; si je crois, il me refuse. — Vous laisser conduire sans raisonner ; l’Église déteste les raisonneurs : ils sont damnés sans miséricorde.

Il dit, descend, débride la mule, et l’attache à une longue corde sur une herbe épaisse, et convie Laurette à venir prendre sa part des provisions que renfermait encore le bissac : elle n’osait ; les reproches du moine l’avaient intimidée. Cependant elle se laisse verser un verre de ce bon vin de Chypre que vous connaissez ; elle y trempe ses lèvres de rose, et en le buvant son trouble se dissipe ; elle ose porter ses beaux yeux sur le théologien ; elle voit un sourire de bienveillance errant entre ses moustaches et sa barbe ; elle voit la main du saint inclinant encore vers elle le flacon délicieux : elle avance sa tasse sous le