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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/483

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2. — Pour ces raisons, les tolérer dans cette province serait contraire à la lettre et à l’esprit des instructions de Sa Majesté au gouverneur Cornwallis, et à mon humble avis, encourrait le déplaisir de la couronne et du Parlement, et de plus.

3. — Cela rendrait stériles les résultats qu’on attendait de l’expédition de Beau Séjour ;

4. — Et entraverait d’une manière déplorable le progrès de la colonisation et empêcherait la réalisation des projets que la Grande-Bretagne avait en vue lorsqu’elle a fait des dépenses considérables dans cette province.

5. — Lorsque ces habitants auront de nouveau recours à la perfidie et à la trahison, procédés dont ils se serviront certainement, et avec plus de haine que par le passé, la province après le départ de la flotte et des troupes, se trouvera dans l’impossibilité de les chasser de leurs possessions.

1. — Quant à leur conduite depuis le traité d’Utrecht en 1713 — Bien qu’il y fut stipulé qu’ils seraient laissés en possessions de leurs terres à condition qu’ils prêtassent le serment dans l’intervalle d’une année à partir de la date du traité, non seulement ils ont refusé de prêter serment, mais se sont livrés encore à des actes d’hostilité contre la garnison anglaise. De concert avec les sauvages ils massacrèrent, dès l’année du traité, un détachement anglais de quatre-vingts hommes et pendant les trois années qui suivirent le traité, ils se rendirent coupables de plusieurs autres actes d’hostilité.

En 1725, lorsque le général Philips envoya des troupes pour les forcer à prêter le serment, ils refusèrent pendant quelque temps mais finirent par consentir à le prêter à condition qu’ils seraient exemptés de prendre les armes contre le roi de France. À cette condition, quelques-uns prêtèrent le serment d’allégeance, mais un grand nombre refusèrent, et depuis cette date, ils ont cru devoir se donner le titre de neutres, bien qu’ils soient des sujets de Sa Majesté.

À leur instigation, l’établissement fondé pour l’exploitation des mines de charbon de Chignectou par une compagnie de gentilshommes anglais, au coût de 3,000 £, a été détruit par les sauvages qui poussés par ces habitants, chassèrent les mineurs, incendièrent leurs maisons et les magasins, et volèrent ce que ces mineurs possédaient et des marchandises qu’ils partagèrent ensuite avec les dits habitants.

En 1724 ils soulevèrent les sauvages et les aidèrent à détruire une pêcherie anglaise et à massacrer cent pêcheurs anglais. Quelques Anglais [sic pour sauvages] et quelques Français furent arrêtés sous l’accusation d’être les auteurs de ce massacre et furent par la suite pendus à Boston.

En 1744, trois cents sauvages conduits par Le Loutre, et supportés par ces Français neutres, parcoururent les districts qu’habitent ces derniers et campèrent à un mille de la garnison sans que les habitants en aient averti le gouvernement.

La même année, et de la même manière, ils accueillirent et encouragèrent M. Duvivier qui aurait pris la garnison par surprise, si un habitant ne l’avait averti et mis sur ses gardes.