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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/100

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Histoire

Mme Reves, le récit de cette premiere conversation. Vous savez qu’il n’échappe rien aux observations de ma Cousine.

Depuis qu’il m’a vue, a-t-il dit, le tems lui avoit paru d’une longueur insupportable. Il se donnoit au diable s’il avoit eu deux heures de repos. Il n’avoit jamais vu de femme pour laquelle il se fût senti tant d’inclination. Sur son ame, il n’avoit point de vues qui ne fussent des plus honorables.

Il s’est levé plusieurs fois. Il a fait quelques tours dans la chambre, en ajustant sa parure, & se parcourant des yeux depuis la poitrine jusqu’aux pieds. Il a parlé, avec complaisance, de l’heureuse perspective qui s’ouvroit devant lui : non qu’il ignorât que j’avois à ma suite une petite légion d’Admirateurs ; mais comme il savoit aussi qu’il n’y en avoit aucun de favorisé, il croyoit pouvoir se flatter de quelque préférence. Je vous ai déja déclaré, a-t-il dit à Mr Reves, que je donne carte blanche pour les articles. Ce que je ferai pour une femme si raisonnable, c’est le faire pour moi-même. Mon usage, Mr Reves, n’est pas de vanter ma fortune ; mais j’exposerai devant vous, ou devant toute la famille de Miss Byron, l’état exact de mon bien. Il n’y en eut jamais en meilleur ordre. Une femme, pour laquelle j’aurai tant de considération, sera maîtresse de vivre à la Ville, à la Campagne, comme son inclination l’y portera. À la Campagne, elle choisira celle de mes