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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/103

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du Chev. Grandisson.

désire d’autres assurances. Mais je fais profession de bonne foi, & vous ne devez attendre de moi que la simple vérité. Je vous rends graces, Monsieur, de l’idée que vous avez de moi ; mais je ne puis accepter vos offres. Son étonnement surpasse mes expressions. Vous ne pouvez, Mademoiselle !… ce langage est-il sérieux ? Juste Ciel !

Il est demeuré en silence pendant quelques minutes, en jettant les yeux sur moi, en les tournant sur lui-même, comme s’il eût dit : la petite folle ! sait-elle bien ce qu’elle refuse ? Cependant, après s’être un peu remis de cette surprise : on m’avoit assuré, a-t-il repris, que votre cœur étoit libre ; mais il faut qu’il y ait ici de l’erreur. Quelque heureux mortel… Je l’ai interrompu : Quelle conséquence, Monsieur ! Une femme ne peut-elle refuser les offres du Chevalier Pollexfen, sans avoir le cœur engagé ? Mais, Mademoiselle, a-t-il répondu, en balançant la tête, & pésant sur chaque mot, un homme de ma sorte… qui n’est pas absolument désagréable, ni dans la figure ni dans les maniéres… qui tient quelque rang dans la vie… Il s’est arrêté tout-à-fait ; & reprenant : ne saurai-je pas vos raisons, Mademoiselle ? Du moins, si votre refus est aussi sérieux qu’il le semble, faites-moi la grace de me les apprendre. Je verrai si je puis être assez heureux pour les détruire.

Je lui ai dit, avec la même franchise,