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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/102

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Histoire

j’ai tâché de prendre un air assez libre, en adressant quelques mots à ma Cousine & à lui-même. Il a demandé en grace que le thé fût différé d’une demi-heure, & qu’avant l’arrivée des Domestiques, il lui fût permis de me répéter une partie de la conversation qu’il avoit eue avec Mr & Mme Reves. S’il n’avoit pas cru me faire beaucoup d’honneur, & s’il ne s’étoit pas fié à la vertu de ses huit ou dix mille livres sterling de rente, j’ose m’imaginer qu’il auroit apporté un peu plus de cérémonie ; mais après m’avoir dit en peu de mots, combien il avoit pris de goût pour mon caractere, il a jugé à propos de s’en rapporter à la déclaration qu’il m’avoit faite de ses sentimens chez Mylady Williams. Ensuite il a parlé des avantages, sur lesquels je pouvois compter dans les articles. Il a vanté l’ardeur de sa passion, & il m’a priée fort ardemment d’y répondre.

J’aurois pu tourner son discours en badinage ; d’autant plus que la chaleur qu’il avoit paru mettre dans ses derniers termes, étoit accompagnée d’une volubilité de langue qui ne marquoit pas un cœur fort touché, ou qui n’étoit pas propre du moins à faire beaucoup d’impression sur le mien ; mais pour couper court à toutes ses prétentions, je me suis déterminée à lui répondre naturellement. Je lui ai dit : si je paroissois douter, Monsieur, de la sincérité de vos ouvertures, vous pourriez croire que j’en