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Histoire

dente affection n’ont rien qui soit indigne de vous ; c’est du moins le jugement que votre famille en portera, si vous me faites l’honneur de consentir que je lui fasse l’ouverture de mes sentimens.

J’ai répondu à ce fier propos ; je souhaite, Sir Hargrave, que votre fortune serve à votre bonheur ; ce qui ne manquera point, si vous l’employez à faire du bien. Mais fût-elle incomparablement plus grande, cet avantage seul n’a point de charme pour moi. Mes devoirs croîtroient avec mon pouvoir. Je ne jouis pas d’une grosse fortune ; mais le fût-elle beaucoup moins, elle satisferoit mon ambition, aussi long-tems que je vivrai dans l’état où je suis ; & si je passe à l’état du mariage, je saurai me renfermer dans celle de l’homme que j’aurai choisi.

Ici l’air flatteur & passionné a repris place sur le visage du Baronet. Il a juré que je serois à lui, & que chaque mot qui sortoit de ma bouche ajoutoit un nouveau nœud à sa chaîne. Mais je l’ai prié de finir absolument un entretien que je ne pouvois plus supporter. À condition, m’a-t-il dit, que je lui permettrois de paroître quelquefois chez Mme Reves. Sans aucun rapport à moi, ai-je répliqué. Vous ne fuirez pas du moins, Mademoiselle, a-t-il repris ; vous ne refuserez pas de me voir. Je vous le déclare, Miss Byron : vous avez un Amant de plus ; je ne cesserai pas de vous pour-