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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/123

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du Chev. Grandisson.

Sir Hargrave s’est fait revoir ici. J’étois avec Madame Reves, & quelques Dames de nos Amies, qui étoient venues passer familierement une partie du jour avec nous, & je me suis excusée de le voir sous ce prétexte ; mais il a vu Madame Reves. C’est un mélange d’orgueil & d’humilité. Il avoit résolu, la derniere fois, de ne plus m’importuner par ses visites. Mes dédains l’avoient mortellement piqué. Mais la force lui manque pour soutenir ses résolutions. Il s’est reproché sa foiblesse. Je serai sa femme. Il en a juré ; un homme tel que lui, se voir refusé par une personne dont la fortune a si peu de proportion avec la sienne, & qui fait profession de n’avoir dans le cœur aucun homme qu’elle lui préfere ! (oh, Sir Hargrave se trompe sur ce point, car il y a peu d’hommes au monde que je ne préférasse à lui) ; se voir refusé, avec tous les avantages qu’il veut m’assurer, avec une figure qui n’a rien assurément de méprisable ! & M. Reves dit qu’alors il s’est considéré de la tête aux pieds dans une glace voisine ; c’est ce qui lui paroît tout-à-fait inexplicable, absolument incompréhensible.

Il a demandé si M. Greville étoit venu avec quelques espérances. M. Reves a répondu que j’étois offensée de son voyage, & qu’il n’en tireroit aucun fruit. C’est un tourment de moins, a-t-il repris avec un soupir. Ce M. Greville s’est échappé, dans notre premier entretien, à quelques discours