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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/124

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Histoire

discours un peu libres, sur lesquels je veux passer, puisqu’il n’est pas plus heureux que moi. Je connois sa présomption. Mais je souhaiterois que l’affaire dépendît entre nous de la pointe de l’épée. Il n’obtiendroit pas de moi une aussi pitoyable composition que de Fenwick. Ce que je ne puis passer, Mr Reves, c’est le reproche qu’on fait à mes mœurs. Assurément, je vaux mieux sur ce point qu’un Greville & un Fenwick. Quel est l’homme au monde, qui ne s’est pas accordé quelques libertés avec les femmes ? Vous le savez, Monsieur. Elles ne nous en estiment pas moins. Un reproche à mes mœurs ! & dans la bouche d’une femme ! sur ma foi, l’objection est bizarre. Qu’en dites-vous, Monsieur ?

Il me semble, ma chere, que Mr Reves a poussé bien loin la patience. C’est un homme fort doux, quoique ma Cousine assure qu’il ne manque pas de vivacité dans l’occasion. Il a donné une audience fort tranquille à Sir Hargrave, qui a pris congé de lui en jurant encore que je serois sa femme, malgré toutes sortes d’oppositions.

Lundi au soir.

Mr Greville est venu, à la fin de l’après midi. Il m’a demandé en grace quelques momens d’entretien particulier. Je l’ai prié de m’en dispenser, & de se souvenir qu’au Château même de Selby, je n’avois jamais eu cette complaisance pour personne. Mais