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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/136

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Histoire

Je l’ai laissé dans cette opinion. Il m’a dit néanmoins qu’il seroit difficile de se défaire de Sir Hargrave ; qu’aujourd’hui même il avoit déclaré à Mylady Williams qu’il étoit résolu de l’emporter sur tous les obstacles ; que cette Dame sembloit s’intéresser pour lui, & qu’elle s’étonnoit que je pusse refuser un homme si riche & de si bonne mine, auquel on a déja proposé plusieurs partis du premier rang.

Mercredi 15.

Sir Hargrave sort d’ici. Je n’ai, ma chere, ni le tems, ni l’envie de vous raconter ce qui s’est passé avec lui depuis une demie-heure, & dans quel transport il est parti. Il avoit souhaité de me parler en particulier ; & je me suis crue d’autant plus autorisée à n’y pas consentir, qu’il n’a jamais fait scrupule de s’expliquer fort librement devant Mr & Mme Reves. Cependant comme il est demeuré sans parler, ma Cousine s’est retirée la premiere, pour l’obliger ; & Mr Reves a suivi sa femme : ils ne lui devoient pas assurément cette complaisance. Je leur en sais fort mauvais gré.

À peine étoient-ils sortis, qu’il a voulu me prendre la main. Je l’ai retirée. Mademoiselle, m’a-t-il dit d’un ton fort brusque, vous n’auriez pas cette dureté pour Mr Greville. Je suis le seul au monde que vous traitiez si mal. Je lui ai répondu civilement, que j’en userois de même avec tout homme