Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
du Chev. Grandisson.

qu’on laisseroit seul avec moi. Vous voyez, Mademoiselle, a-t-il repris, qu’il m’est impossible de vivre sans vous. Mon cœur & mon ame vous sont dévoués. J’ai de l’orgueil, je l’avoue. Pardon, si j’ajoute qu’il est piqué. Je croyois pouvoir attendre plus de bonté, de toute femme qui seroit sans engagement & qui n’auroit pas d’éloignement pour le mariage. Votre cœur est libre, dites-vous. Je souhaite, je m’efforce de le croire. Mais ce Greville…

Il s’est arrêté pour me laisser le tems de répondre. J’ai répondu que sans lui devoir aucune explication, mon usage n’étoit pas de traiter incivilement ceux qui faisoient profession pour moi de quelque estime. Il a prétendu que je n’exceptois que lui ; & revenant à ses plaintes, il m’a pressée de m’expliquer entre lui & Mr Greville. J’ai cru pouvoir échapper, en l’assurant, comme je l’avois déja fait, que je n’ai point encore vu l’homme qui doit être mon Mari. Mais son visage & ses yeux s’enflammant tout d’un coup, il a juré, à peu près dans les termes dont Mr Greville s’étoit servi dans la même occasion, que je l’avois vu, cet homme, & que si mes affections n’étoient pas engagées, il étoit devant mes yeux ! Je lui ai dit que si c’étoit l’unique sujet de sa visite, il auroit pu dispenser M. & Mme Reves de sortir ; j’ai voulu me retirer. Il m’a coupé le passage : vous ne me quitterez pas, Mademoiselle ; je vous en conjure ! Eh bien,